Il eût été dommage de ne pas faire la rencontre de Marie, la femme de Jorge. Tous les deux sont propriétaires du coffee shop Solo Palma, Place du Châtelet. Marie n’était pas présente le jour où je me suis entretenue avec Jorge, et je tenais à la rencontrer. Il m’avait dit qu’elle était photographe en plus d’être gérante de l’entreprise, et que ses photos seraient exposées à partir du 11 avril sur les murs du café. Je fis donc sa rencontre le 12 avril; j’en profitai pour admirer son exposition « Luz y Sombra » – que l’on pourrait traduire par « Ombre et lumière ».
En raison de son accueil, de sa gentillesse, et de certains points communs entre nous, je me suis rapidement sentie à l’aise avec elle. J’avais envie de comprendre son parcours, son amour pour la photographie et son lien avec Orléans. Avec beaucoup de générosité, elle a partagé sa lumière avec moi.
LNO : Peux-tu expliquer ce qui t’a menée vers l’univers de la photographie ?
Marie : J’ai toujours été attirée par la sociologie, les comportements humains… En 2001, via ma formation à l’Institut d’Études Politiques à Lille, j’ai eu l’opportunité de passer un an d’études au Mexique. C’était une année facultative, alors j’ai eu le temps sur place de pratiquer la danse, le dessin, et de débuter dans la photographie argentique*. La photo était un outil formidable ! Il me permettait à la fois de lier mon intérêt pour la sociologie et pour l’art. Elle m’a donné l’opportunité d’aller sur le terrain, de voyager, de rencontrer les gens. Le Mexique m’a également offert des amis, comme Jorge.
Mon diplôme de Sciences Po en poche, j’ai suivi en 2005 le Master d’esthétique et d’histoire de l’art à l’Université Paris I après être passée par l’atelier « Contraste », en Belgique, où j’ai pu me perfectionner en photographie et faire mes premières expositions.
LNO : La dimension artistique a pris une place de plus en plus importante au cours de tes études. As-tu poursuivi dans cette voie après celles-ci ?
Marie : Absolument. Après le Master, je suis partie au Québec en 2006 – j’avais la bougeotte – afin d’effectuer un stage de six mois en tant que photographe intervenant auprès de la fondation : « Les Impatients », qui agit auprès des personnes souffrant de problèmes de santé mentale grâce au processus de création.
Après mon stage, je suis retournée au Mexique. La chaleur, les couleurs et les gens me manquaient. Comme je souhaitais faire un reportage de portraits de Mexicains, j’ai demandé à Jorge de m’accompagner. Pour plus de stabilité, j’ai d’abord travaillé en tant que professeure de Français à l’université, puis en tant que professeure de technique photographique.
Au bout de deux ans, c’est l’Europe qui a commencé à me manquer. Jorge et moi avons donc vécu quelques années à Barcelone; néanmoins, je me rendais régulièrement en Belgique, où j’ai fondé le collectif « Caravane » en 2009 avec des amis photographes, dissous en 2017. Le moment fort de cette expérience a été mon reportage sur les femmes turques intitulé « Femmes affranchies », exposé à l’Institut Français d’Istanbul.
En 2011, nous nous sommes installés à Bruxelles. Jorge a pu y apprendre le français ainsi que le métier de barista.
LNO : Tu as dit que tu avais la bougeotte. Qu’est-ce qui t’a motivée à revenir dans le Loiret ?
Marie : En 2017, après la dissolution du collectif, j’ai fait une pause dans ma carrière de photographe et nous avons décidé de poser nos valises ici. Je suis très attachée au Loiret et à la Loire, qui est un fleuve magique. Au fond, j’ai le sentiment d’avoir toujours cherché le Loiret ailleurs.
Jorge et moi avons ouvert Solo Palma en 2019, puis j’ai repris la photo après la naissance de notre deuxième enfant.
LNO : Finalement, en ouvrant un café, tu continues de découvrir les gens d’une autre manière et d’exercer ta passion pour la photo. Le titre de ton exposition : « Luz y sombra », a-t-il un rapport avec le fait que le café ait à la fois besoin d’ombre et de lumière pour pousser ?
Marie : Je n’avais pas vu les choses ainsi. Effectivement, j’ai dû inconsciemment faire un pont entre mes deux activités.
LNO : Parle-moi un peu de ton exposition et de ton entreprise de photographie : Solo Palma Photo Studio.
Marie : Ce qui réunit mes photos, c’est le traitement de l’ombre et de la lumière. J’aime jouer sur les contrastes. En les exposant au café, je souhaite toucher un public qui n’irait pas spontanément voir des photos dans une galerie.
Avec l’entreprise que je viens de créer: Solo Palma Photo Studio, j’interviens auprès de professionnels et de particuliers – j’ai un studio mobile. A l’avenir, je souhaiterais également faire de l’éducation à l’image auprès du public adolescent. Il y a des besoins énormes dans ce domaine. Par ailleurs, j’aimerais collaborer avec d’autres photographes et exposer leurs photos au café, en plus des miennes. Toutes les informations sont disponibles sur notre site internet : https://solopalma.fr/photo-studio/ ainsi que sur Instagram.
La Nouvelle-Orléanaise
Notes:
Photographie argentique : sur pellicule photographique.
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